Un arbre en port libre developpe une architecture naturelle

Un arbre n'a pas besoin d'être taillé pour vivre.

Un arbre va se développer là où les conditions phenologiques lui sont le plus favorable en suivant un modèle architectural inscrit dans ses gènes. Il le réitérera tout au long de sa vie pour poursuivre sa croissance en se conformant à la forme typique de son espèce. Lorsque l'on coupe une ou plusieurs de ses parties vitales, sa frondaison (  parties  feuillues ), les blessures subies vont provoquer un stress dans son métabolisme, lui indiquant que la continuité de son existence et celle de ses semblables est menacée. 

En réaction à cela, il va produire des suppléants issues de bourgeons adventifs ( bourgeons dormants sous l'écorce ), qui jailliront tels des piquets, en suivant une croissance verticale et désordonné susceptible de reproduire la cime perdue par cette amputation le plus rapidement possible. Malheureusement son sytème caulinaire ( tronc, tiges, branches) sera devenu méconnaissable et disposera d'une multitude d'axes qui deviendront dangereux avec le temps car simplement ancrés sous l'écorce à l'inverse d'une branche née avec l'arbre qui dispose d'une insertion jusqu'à la moelle du tronc. La taille ainsi appliquée à cet arbre devenu déstructuré, aura pour conséquence de réduire son espérance de vie.

Les tailles architecturées

Depuis plus d'un siècle, les arbres sont intégrés à nos villes comme ilôts de verdure, ils ornent et définissent nos rues en apportant des formes et des couleurs au fil des saisons. Pour certains des plus majestueux, ils sont élevés au statut de monument végétal. 

Notre mode de vie moderne et sa frénésie d'interactions entre les individus, créé un impact sur leurs développements, perturbent leur croissance en modifiant leurs silhouettes sous la contrainte. Les centres villes se complexifient et minimisent l'espace qui leur est dévolu.

Si l'on prend le temps de les observer patiemment sous différents angles en cernant tous les processus qui caracterisent leurs métabolismes, on peut déceler ces déséquilibres faisant preuve du manque d'attention à leur égard. Au fil des années, les spécialistes en biologie végétale se sont succédés afin de comprendre pourquoi et comment les arbres pouvaient survivre et quels étaient leurs moyens de réagir aux tailles sévères qu'ils subissaient. Car l'élagage a longtemps été considéré, à tort, comme une renaissance. Alors que l'arbre endurait l'inverse et réagissait en puisant dans ses réserves énergétiques stockées sous son écorce et dans ses racines, pour tenter de survivre à cette amputation.

L'arboriste grimpeur va pouvoir atteindre les parties sommitales de leurs frondaisons et ainsi minimiser les effets délétères de cette taille. Il reviendra ensuite à intervalle régulier, tous les un à trois ans au niveau des anciennes coupes précédemment effectuées pour former des trognes ( têtes de chats ) afin de ne pas supprimer les réserves qui s'aglutinent au niveau de cette boursouflure en bout de branche. Il existe différentes tailles architecturées, un chapitre sera consacré ultérieurement avec des explications détaillées.

« Action douce = réaction modérée ! Action forte = réaction violente ! »

Ces méfaits, qui fragilisent beaucoup nos pauvres souffre-douleurs, les rendent en réalité de plus en plus dangereux, et n’oublions jamais ce dicton.

Francis HALLE, charte de l'arbre de saint Médard en Jalles, 2016.